Le cancer du col de l’utérus est une tumeur localisée au niveau de la muqueuse utérine. Cette pathologie survient après une exposition prolongée au papillomavirus humain (HPV). Le cancer du col de l’utérus compte parmi les cancers les plus fréquents. On dépiste chaque année près de 500000 nouveaux cas, et 250000 décès en lien avec cette maladie. Pourtant, un vaccin existe et permet de prévenir les deux tiers des cancers du col de l’utérus.
Définition :
Rappels anatomiques.
L’utérus est l’organe reproducteur principal chez une femme. Il est destiné à recevoir l’ovule fécondé afin d’assurer le développement du fœtus.
Situé au niveau du petit bassin, en arrière de la vessie et en avant du rectum, l’utérus est un organe creux, de forme triangulaire d’une dizaine de centimètres de haut sur 5 centimètres de large. Le col utérin, la partie la plus inférieure de l’organe, débouche sur le vagin. Le corps utérin qui représente la partie la plus volumineuse de l’utérus destinée à recevoir l’ovule fécondé est relié par ses extrémités supérieures droites et gauches aux trompes utérines.
La paroi utérine est constituée de 3 couches :
La muqueuse utérine appelée « endomètre » représente la paroi interne de l’utérus.
La couche intermédiaire musculaire appelée « myomètre ».
La séreuse utérine est la paroi externe de l’utérus.
Le col de l’utérus qui fait le lien entre le vagin et l’utérus est recouvert d’une muqueuse sécrétant la glaire cervicale. Cette muqueuse joue un rôle très important dans les fonctions biologiques de l’utérus. Elle est constituée d’une première couche extérieure appelée l’épithélium et d’une seconde, interne, le tissu conjonctif. La quasi-totalité des cancers du col de l’utérus débute au niveau de l’épithélium.
Qu’est-ce qu’un cancer du col de l’utérus ?
Un cancer du col de l’utérus prend son origine dans les cellules du col de l’utérus. Ce dernier est constitué de deux parties : l’endocol (en direction de l’utérus) et l’exocol (en direction du vagin).
La grande majorité des cancers naissent au niveau de l’épithélium de la muqueuse du col. On parle alors de carcinomes. On distingue deux types de carcinomes :
Les carcinomes épidermoïdes qui représentent plus de 85% des cas. Ils se développent au niveau de l’exocol.
Les adénocarcinomes dans 15% des cas. Ils se développent dans l’endocol.
Le cancer du col de l’utérus représente le 12ème cancer le plus fréquent chez la femme en France. Le nombre de nouveaux cas est estimé à 3000 et plus de 1100 patientes meurent chaque année. A noter que le pronostic de ce cancer se dégrade. Le taux de survie était, en effet, de 68% dans les années 1990 et il a chuté à 62% après 2005.
Quels sont les facteurs de risque ?
Le facteur de risque majeur du cancer du col de l’utérus est l’exposition au papillomavirus humain (HPV). Ce virus est transmis par un contact avec la peau et les muqueuses, le plus souvent par voie sexuelle. A noter que le préservatif, même si il limite le contact avec le virus, ne permet pas une protection complète pour autant.
Les papillomavirus ne sont pas tous impliqués dans la survenue d’un cancer. Seuls certains types sont impliqués, notamment les HPV 16 et 18 qui sont en cause dans 70% des cancers du col de l’utérus.
L’infection par un papillomavirus est extrêmement courante. On estime que 80% des femmes auraient été infectées au moins une fois dans leur vie. Cependant, dans environ 10% des cas d’infection, le virus persiste au niveau de la muqueuse du col utérin. Il peut alors être à l’origine de modification de l’épithélium. On parle dans ce cas de lésions précancéreuses qui peuvent potentiellement évoluer en cancer du col de l’utérus.
D’autres facteurs de risque augmentent le risque de développer ce cancer :
La précocité des rapports sexuels.
Le nombre de partenaires sexuels, plus ils sont nombreux, plus le risque augmente.
Le tabac.
Un traitement immunosuppresseur (qui abaisse les défenses immunitaires et rend l’organisme plus vulnérable aux infections).
L’utilisation prolongée de contraceptifs hormonaux.
Etre porteur du virus VIH (abaisse également l’immunité).
Certaines infections sexuellement transmissibles (chlamydiose, herpes).
Avoir plusieurs enfants.
Quels symptômes ?
Au début, le cancer du col n’engendre aucun symptôme particulier. A ce moment là, seuls les frottis de dépistage peuvent le mettre en évidence.
Lorsque le cancer évolue, il engendre des symptômes dont :
Des saignements vaginaux après les rapports sexuels.
Des saignements vaginaux hors période de règles.
Des douleurs pendant les rapports sexuels.
Des pertes vaginales.
Des douleurs dans le bas du ventre.
Des douleurs lombaires.
A noter ! De tels symptômes doivent alerter et conduire à la consultation de son médecin.
Diagnostic, traitement et prévention.
Comment diagnostiquer un cancer du col de l’utérus ?
Un cancer du col de l’utérus peut être évoqué devant :
Un frottis anormal.
Certains symptômes (cités plus haut).
Devant ces deux cas de figure, le gynécologue procède à un examen clinique et gynécologique complété ou non d’examens complémentaires.
Le diagnostic de cancer du col de l’utérus est confirmé par l’analyse d’un échantillon de tissus prélevé au niveau du col de l’utérus via une colposcopie le plus souvent.
À savoir ! Une colposcopie est un examen consistant à analyser le vagin et le col de l’utérus grâce à un spéculum et une loupe binoculaire. Cet examen se déroule au cabinet du gynécologue.
Lorsque le diagnostic de cancer du col de l’utérus est établi, des examens complémentaires sont prescrits afin de déterminer l’étendue du cancer. Le plus souvent, c’est une IRM du pelvis qui est demandée. Une tomodensitométrie par émission de positions (TEP), une cystoscopie (examen de la vessie) ou une rectoscopie (examen du rectum) peuvent aussi être prescrites. Un bilan sanguin est également systématiquement réalisé.
Quels traitements ?
La prise en charge d’un cancer du col de l’utérus est pluridisciplinaire et adaptée à chaque cas. Le traitement repose sur la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie utilisées seules ou en association. Le choix du traitement dépend de plusieurs critères dont le type de cancer, le ou les organes atteints, le stade d’évolution, l’âge du patient, l’état de santé général, etc.
1 – Le traitement chirurgical.
Selon l’évolution du cancer, plusieurs types d’interventions chirurgicales sont possibles :
La conisation du col de l’utérus qui consiste à prélever un fragment de forme conique des couches profondes du col utérin. L’intervention est réalisée sous anesthésie générale ou loco-régionale. Cette approche permet de retirer toutes les cellules cancéreuses.
L’amputation du col de l’utérus qui consiste à retirer le col utérin. Cette méthode permet de traiter les petites tumeurs. Cette chirurgie permet de conserver l’utérus et n’empêche pas une future grossesse.
L’hystérectomie ou colpo-hystérectomie. Cette intervention consiste à retirer l’utérus, le col de l’utérus, les trompes et la partie supérieure du vagin voire parfois les ovaires. Cette méthode est souvent associée à un curetage ganglionnaire (ablation des ganglions du bassin).
2 – La radiothérapie.
La radiothérapie peut parfois être associée à la chirurgie. La radiothérapie est un traitement par rayon X destiné à détruire les cellules du cancer du col de l’utérus. Il peut y avoir divers effets indésirables : inflammation cutanée au niveau de la zone irradiée, diarrhées, hémorroïdes.
La curiethérapie est une méthode de radiothérapie interne. Autrement dit, les éléments radioactifs sont directement placés dans le col de l’utérus. Les effets secondaires sont rares : pertes blanches, saignements.
3 – Chimiothérapie.
Une chimiothérapie peut être prescrite avant et/ou après un traitement par chirurgie ou radiothérapie. Lorsqu’elle est avant, l’objectif est de diminuer la taille de la tumeur pour faciliter la chirurgie. En revanche, lorsqu’elle est prescrite après une intervention chirurgicale, elle a pour but de compléter le traitement en bloquant la multiplication et la propagation des cellules cancéreuses.
Les effets indésirables sont fréquents mais pas systématiques : nausées, diarrhée ou constipation, chute des cheveux, fatigue.
Prévenir le cancer du col de l’utérus.
Il existe actuellement deux méthodes efficaces pour prévenir le cancer du col de l’utérus : la réalisation de frottis de dépistage réguliers et la vaccination.
Le dépistage du cancer du col utérin est proposé à toutes les femmes de 25 à 65 ans. Le premier frottis doit avoir lieu autour des 25 ans, puis tous les 3 ans.
Le vaccin contre le papillomavirus humain permet de prévenir les infections par les virus les plus impliqués dans le développement du cancer du col de l’utérus. Ainsi, le vaccin ne protège pas contre tous les cancers du col utérin et toutes les lésions précancéreuses. Ce vaccin est recommandé pour toutes les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans. Un rattrapage est possible pour les jeunes femmes de 15 à 19 ans.